Rencontre avec Patrick Vaugeois

Publié le 24/03/2023

« Patrick Vaugeois j’ai 52 ans, j’ai repris l’arbitrage depuis 12 ans, pour aider mon club qui était en infraction, j’arbitre aujourd’hui pour l’US Challes Grand Lucé. Je suis également observateur de jeunes et je fais des FIA (Formation Initiale d’Arbitrage). »

 

Quand avez-vous commencé l’arbitrage ?

 

« J’ai commencé à 14 ans, j’ai arrêté 10 ans après et comme je vous ai dit juste avant, j’ai repris il y a 12 ans. »

 

Dans quel club avez-vous commencé l’arbitrage ?

 

« J’ai commencé à l’US Challes. »

 

Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans l’arbitrage ?

 

« À l’époque dans mon village à Challes, il y avait qu’un seul sport qui était le foot. Mon père était président du club, mon frère aîné jouait au foot et un peu comme maintenant il n’y avait pas beaucoup de bénévoles donc mon père me prenait pour faire la touche pour l’équipe B. C’est comme ça que je me suis lancé dans l’arbitrage. »

 

Vous remarquez des différences aujourd’hui dans le passage de l’examen de maintenant et de l’époque ?

 

« Oh oui ! Rien à voir, avant on était à peu près 60 candidats alors que maintenant on a du mal à avoir un effectif de 20 candidats sur une FIA. Mais à l’époque il n’y avait que le foot dans les villages donc c’est surement ça l’explication. »

 

La difficulté du passage de l’examen était aussi différente ?

 

« C’était beaucoup plus dur au départ, maintenant c’est beaucoup plus simple, pour moi cela peut être un frein, parce que quand ils ont l’examen ce n’est pas pour autant qu’ils connaissent les règles. C’est un frein pour que l’arbitre n’est pas de problème derrière. Je pense qu’il faudrait revenir à des basiques. »

 

Remarquez-vous en tant que formateur FIA une différence entre les arbitres qui évoluent depuis plusieurs années et les jeunes arbitres au niveau de la mentalité ?

 

« Oui complètement, on a l’impression que les jeunes ont été forcés à faire les FIA pour aider un club, ils n’y vont pas d’eux-mêmes. Ils passent l’examen, pour la plupart c’est la première fois qu’ils passent un examen, il y en a qui n’ont que 13 ans ! Le problème c’est que derrière ils croient que c’est facile et ils arrivent dans un monde où malheureusement ils sont tout seul, face à des jeunes pour la plupart plus âgés qu’eux. Et autour il y a les parents, c’est eux qui font le plus le bazar. »

 

 

Pensez-vous que pour un jeune de 13/14 ans qui commence l’arbitrage et qui voit les parents faire le bazar autour ça peut le bousculer mentalement ?

 

« Bien sûr, c’est comme dans la vie de tous les jours. Les jeunes qui ont des soucis c’est qu’ils sont laissés à eux-mêmes. Idéalement pour réussir il faudrait imposer aux clubs quand ils lancent un jeune arbitre qui y ait un adulte accompagnateur du club. Comme ça les jeunes ils savent qu’ils ne sont pas tout seul, qu’il y a un adulte qui peut intervenir en cas de soucis. Le problème c’est qu’aujourd’hui l’enfant arrive avec la maman qui n’y connait rien et elle est même malheureuse de voir son enfant se faire engueuler par les parents pendant tout le match et elle ne peut rien faire. »

« Le problème du manquement d’arbitre vient de là, on en trouve au départ mais on n’arrive pas à les garder à cause de choses comme ça. »

« Je pense qu’aujourd’hui un accompagnement du jeune par une personne de son club devrait être obligatoire, au moins sur sa première voire deuxième année d’arbitrage. »

 

Pour vous, est-ce qu’il serait important que dans les clubs il y ait une prévention de faite aux éducateurs et aux parents sur tout cet environnement-là ?

 

« Oui tout à fait, ça passe par là aussi. Il faut un peu plus communiquer. Pour moi, le souci des parents c’est que quand ils suivent leurs jeunes au foot c’est qu’ils veulent qu’ils deviennent tous les Mbappé ou Haaland de demain. Ils voudraient que leurs fils soient comme ça et ce sont eux qui font monter la mayonnaise autour du terrain et forcément il y a toujours un fautif, ce n’est jamais leur fils, ce n’est jamais l’équipe, c’est forcément l’officiel qui est là. »

 

 

Quand vous allez en observation, vous intervenez parfois auprès des parents qui sont turbulents avec les jeunes arbitres ?

 

« Quand je vois que ça prend trop d’ampleur, oui j’y vais. Cela fait partie de mon rôle. J’explique ensuite au jeune ce qui a été et ce qui n’a pas été dans son arbitrage. Je ne lui dis pas des mots techniques que l’on peut apprendre dans le bouquin de l’arbitrage, que des mots simples avec des tableaux pour qu’il comprenne. »

 

 

Qu’est-ce que vous diriez aux jeunes qui hésitent à se lancer dans l’arbitrage ?

 

« Je leur dis que l’arbitrage c’est l’école de la vie. C’est là qu’on va rentrer dans un monde où à un moment il faut se battre, il faut être présent. Je crois que c’est un bon tremplin pour évoluer dans la vie de tous les jours. »

 

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